Village semencier de Dabakala – Point de départ de la Révolution agricole et alimentaire en Côte d’Ivoire

En 2021, les riziculteurs du périmètre irrigué de Dabakala ont bénéficié d’appuis de l’État de Côte d’Ivoire et de deux programmes d’urgence en réponse au COVID-19 :

  • le Programme CORIS / GIZ / AfricaRice
  • le Programme FIDA / PADFA / PUR_2020

Les résultats mentionnés ci-dessous, après 6 mois d’activités, sont relativement excellents et encourageants, dans une optique de passage à l’échelle :

  • une augmentation de la productivité (de 3 T/ha, la saison dernière, à 6 – 7 T/ha, présentement) ;
  • une amélioration de la qualité des produits (95% du riz sont de qualité supérieure) ;
  • une augmentation de la sécurité alimentaire ;
  • un accroissement des revenus (chaque producteur a reçu entre 1 500 000 et 2 100 000 Fcfa/ha) ;
  • une structuration du système semencier avec :
    • la Recherche la production des Prébases (G, G2, G3) ;
    • les Entreprises semencières pour la production des Bases (G4) ;
    • les Agri-multiplicateurs pour la production des Certifiées (R1 / R2) ;
    • l’ADERIZ pour le conditionnement des semences ;
    • le Ministère de l’Agriculture et le LANADA pour la certification et la traçabilité des semences.

Pour atteindre ces résultats, un montant de 500 000 Fcfa/ha a été alloué à chacun des 174 agriculteurs travaillant sur le périmètre irrigué de Dabakala de 114 hectares. Il s’agit, en l’occurrence, d’un héritage du Président Félix Houphouët Boigny, construit en 1970, pour faire de la Côte d’Ivoire un pays autosuffisant en riz, en 1974 :

    • 300,000 FCFA de la part d’Entreprises privées comprenant :
      • labours : 135 000 FCFA
      • repiquage : 50 000 FCFA
      • récolte : 100 000 FCFA
      • appui-conseil : 15 000 FCFA
    • 200,000 FCFA : Don de l’État de Côte d’Ivoire et des Projets CORIZ / GIZ / AfricaRice et FIDA / PADFA / PUR_2021 :
      • Semences de qualité : 50,000 Fcfa
      • Intrants (Engrais, Herbicides, Insecticides) : 150,000 Fcfa

Contrairement à une idée préconçue, l’agriculture n’est pas une affaire de pauvres. Elle nécessite des moyens financiers importants pour être rentable. Dans le cas de Dabakala, il a fallu injecter quelque 500 000 FCFA /ha pour permettre à chaque producteur d’obtenir des rendements en semences de plus de 5 T/ha. Ces résultats sont une bonne contribution au développement du secteur primaire et, subséquemment, des secteurs secondaire et tertiaire. Au-delà des bénéfices financiers qu’ils ont générés, un minimum de 1 500 000 FCFA /ha après seulement 6 mois de culture, les deux programmes d’urgence, ont favorisé le raffermissement des liens au sein des familles. En effet, les récoltes ont été des moments d’entente cordiale où époux, épouses et enfants viennent conduire les derniers travaux agricoles et veiller à ce qu’aucun grain ne soit perdu.

Conclusion

La réussite d’une Révolution agricole nécessitera, bien évidemment, de mobiliser des ressources financières importantes et sur une longue période. À cet effet, il convient de souligner que, tout comme dans les Révolutions agricoles d’Europe, d’Asie et d’Amérique, l’accompagnement des pouvoirs publics sera déterminant pour assurer l’accès aux crédits et aux équipements, la protection des marchés, la garantie des prix de vente ainsi que la formation des jeunes et l’actualisation de leurs connaissances pratiques. Dans ces révolutions, les États étaient présents à toutes les étapes de la chaîne de valeur, de la production, à la transformation et la commercialisation. D’ailleurs, dans bien des cas, ils étaient les principaux clients pour assurer un débouché direct et régulier aux produits agricoles. Pour l’Afrique subsaharienne, un Programme d’États calqué sur le Plan Marshall pour 5 ans sera nécessaire avec un accent particulier sur la recapitalisation de la petite exploitation familiale, le renforcement des capacités du secteur privé, la promotion des micro, petites et moyennes entreprises (MPME), l’assurance agricole, la protection sociale, l’implication et le renforcement des capacités des collectivités locales, l’établissement de la contractualisation et de la traçabilité pour une mise en marché adéquate des produits agricoles.

En somme, il s’agit de peser sur les paradigmes dominants et aller vers un paradigme nouveau : Produire local, Consommer local et Exporter. L’évolution, cette année, de la production rizicole en Côte d’Ivoire montre qu’une Révolution agricole et alimentaire est en marche à Dabakala au profit des agriculteurs, de leurs familles et de leurs communautés, ainsi que des femmes et jeunes des localités environnantes. Dabakala est, par cette voie, entrain d’inscrire son nom en lettres d’or dans l’histoire du développement de la riziculture en Côte d’Ivoire, en général, et du secteur semencier national, en particulier.

Extraits de la Conférence AMCHAM (Chambre de commerce américaine), Abidjan, 28 juillet 2021

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